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  • Toute chose peut être un loisir cela dépend de la personne qui la pratique. Ce blog vous permettra de voir les choses d'une autre manière et de vivre passionnément votre vie à travers la vie d'autrui. Réel ou imaginaire ceci n'est pas la question.
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17 décembre 2013

la tranquillité est ailleurs

Bonjour M. CB,

Je n'ai pas pu m'empêcher de te raconter ce que j'ai vu aujourd'hui pendant un embouteillage.

J'étais là bien au chaud dans ma petite voiture, essayant de se fondre dans la foule et d'ignorer mon âme de combattant qui me disait de ne laisser personne se faufiler et prendre ma place dans le peloton infernale, lorsque je l'ai vu au beau milieu du pont. Il agitait ses bras en signifiant aux voitures de ne pas s'arrêter et de continuer leur route, puis un policier l'a poussé violemment. Je me suis demandé quelle infraction il aurait pu faire  pour mériter de telle bousculade. Je regarde à droite et à gauche pour apercevoir la voiture du malheureux au milieu de cette mer houleuse de véhicules mais en vain.

J'ai revisité mon analyse pour établir une deuxième théorie, l'homme était fou. Ceci n'est pas étonnant, vu ceux que je rencontre fréquemment sur mon chemin de retour à la maison, et je vous assure qu'un vrai match de rugby se joue dès lors en essayant de les éviter en zigzagant sans toucher les autres passants qui aiment se croire en voiture puisque selon eux les trottoirs sont interdits aux piétons. Ceci dit le policier n'est-il pas formé pour mieux traiter les fous? Mais comment devons-nous les traiter? simple question qui trouve toujours une réponse chez ma chère grand-mère qui ne cesse de s'interroger avec son air indignée: "on ne vous a rien appris à l'école vous devez savoir ces choses-là, cours réviser tes leçons!". C’est pour l'honorer que cette question sera traitée par la suite dans la rubrique "Savoir-faire".

Revenant à l'hypothèse "d'homme fou" est-elle tenable? En regardant l'homme, il n'a pas essayé ni de se défendre ni de dire quoi que ce soit. En le contemplant de plus près, il paraissait bouleversé, puis tout d'un coup il s'est tourné et avait essayé de se jeter dans le vide avant que le policier et un motard ne l'en empêchent. Oh! Mon dieu ! Il a essayé de se suicider et le policier était en train de le bousculer et de l'insulter pour le faire changer d'avis. Par chance que j'ai les vitres bien fermées pour ne pas entendre les pluies torrentielles de mots qui sort de la bouche du policier et qui ne s'effaceront jamais de ma mémoire. Quelle tendresse! Quelle patience et quelle maitrise de situation!

Je me suis éloigné de la scène, les larmes aux yeux. Je me suis imaginé à la place de ce bonhomme, essayant de mettre fin à ma souffrance dans ce monde et la seule personne qui devait m'en empêcher me faisait souffrir encore plus.

Bonhomme: "Laisse-moi faire ce que je veux. Je veux mourir. Je veux arrêter cette souffrance. Laissez-moi mourir tranquillement!"

Policier : "Va mourir ailleurs que dans mon secteur. Tu ne vois pas tout ce monde, tout cet embouteillage qui je dois gérer et subir. Suicide-toi ailleurs. Allez du vent".

Je me suis étonné de cette situation et surtout de l'évolution de mon émotion.

Je me suis senti incapable de comprendre la source exacte de ma tristesse. Vient-elle du fait qu'il s'agit d'un suicide? De la souffrance d'un être humain? De l'incompétence du policier? De l'insouciance des autres conducteurs? Ou de toutes ces sensations mélangées. Je me suis rappelé alors que c'était l'autre "moi" qui ai essayé de trouver une solution et de sauver le bonhomme. Comment? Il y a plusieurs solutions celle dites douces et celles dites agressives.

Pour les méthodes agressives, la première était de lui bruler la main et de dire que tous ceux qui se suicident vivront en enfer! Une autre était de convaincre le policier de l'incarcérer pour avoir "troubler l'ordre public". Une troisième était d'appeler l'hôpital psychiatrique le plus proche. Ou même lui expliquer qu'à cette hauteur il ne réussira qu'à se blesser et plusieurs personnes seront ravies de lui soutirer plus d'argent pour le faire soigner.

Les méthodes douces ne se sont manifestées qu'après avoir quitté le pont. La meilleure était de discuter avec le bonhomme de son système de valorisation des choses dans la vie. Il pouvait marcher, parler, voir, il avait des cheveux mêmes s'ils sont tous gris, bref paraissait en pleine santé et plusieurs n'ont pas cette chance. Même sans famille, il pouvait fonder une autre. Même sans argent, il pouvait toujours travailler. Même sans enfants, il pouvait toujours adopter. Toute chose qui pourrait lui maquer, je trouverais certainement une autre qui la comblerais. 

Hélas, en mode "Super" motivée pour l'aider, j'étais déjà bien loin pour pouvoir faire quoi que ce soit. Avec toute mon amertume, j'espère que la pureté de mes sentiments l'atteindra.

Grand saut dans le vide

Bien à vous.

Cordialement,

AS

 

  

  

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